• Le vol de la fromagère

    Le vol de la fromagère

    Chrysanthème la fromagère, dans sa ferme au sein du Cantal, de seize ans plus agée que son fils ainé, trayant ses chèvres et enfantant de son mari, se rêvait dans de lointaines contrées exotiques, admirant des viaducs gigantesques en Aveyron, voyant s'étendre les Cévènnes du haut du pic de Finiels, rencontrant des altiligériens, contemplant Clermont-Ferrand du sommet du puy du Dôme et même ecoutant discourir les hommes politiques de Correze.

    Le marchant d'orge, de vingt ans plus agé mais fort malin, n'était que bien trop au courant des fabuleux désirs de Chrysanthème la fromagère. Ainsi, un beau matin, notre Chrysanthème, aprés un quart de siècle dépensé dans les montagnes mortes du massif central errodés par les pluies froides et les neiges hivernales glaciales, se vut offrir, à l'heure de la livraison d'orge, les beautées du Lot, joyeux comme ses rivières, secret comme ses causses, plein de promesses généreuses comme ses vignobles, et, ne laissant qu'un mot griffonné à l'attention de son mari, partit au bras du marchand.

    Qui vanterai encore la beauté de l'âme innocente et naive d'une jeune femme belle te fraîche, aprés la terrible histoire qui s'ensuivit ? Le mari, livré seul à la charge des quatres enfants, devint évidamment fou de rage. Chrysanthème la fromagère, quand à elle, se vut asservir le marchand d'orge ainsi que ses six fils, bien contents qu'une femme s'acquiert enfin des tâches ingrates depuis le départ de leur mère.

    Pauvre Chrysanthème. Mais les années eurent raison de sa crainte envers le terrible marchand d'orge et, par une claire nuit de pleine lune silencieuse, elle s'enfuit sur la pointe des pieds sans un bruit. Le marchand d'orge, l'ayant aussitôt rattrapé, sut que son jeu ne put plus durer. Mais avant d'y mettre fin, l'infâme demanda une rançon au mari, et ce n'est qu'aprés réception du virement bancaire qu'il abandonna Chrysanthème seule au bord d'un chemin.

    Je vous met en garde demoiselles des champs, ne vous faites pas voler, car les loups rodent dans nos campagnes, et à la vue de votre chair tendre vous dévorer devient leur dernier shouait.

     

    inspiré d'une histoire vraie, un grand merci à Marine.

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